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Reflexions sur la bioethique pensées
by Pap'otages
Unknown historical context.


Le clonage reproductif: ce qui n'est plus à tenir pour vrai

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Après le tollé scientifique suscité par la première fécondation in-vitro en 1978, suivi du brillant démenti auquel l’aventure de plus de 50'000 bébés nous avait conviés, l'aventure récente du clonage de la brebis Dolly vient encore, en l’espace de 6 ans, de démontrer que 3 des dogmes les plus intouchables de la pensée scientifique ont implosé sur leur propre inanité qui disaient :

  • le clonage des mammifères est impossible
  • le clonage humain est impossible
  • l’identité de l’humain se résume à son génome

Et comme l'idée de reproduire un être humain à l'identique est insupportable, il a bien fallu légiférer. A mesure que la science reconnaissait ses erreurs sur la première et puis la deuxième affirmation, elle restait attachée à la croyance que le clonage permettrait de fabriquer des copies conformes. Le Sénat français a tout aussi légitimement proposé de considérer le clonage reproductif comme un « crime contre la dignité humaine » croyant qu’il menaçait l’unicité de la personne humaine.

Seulement voilà… Il a été démontré depuis que 2 individus génétiquement identiques ne sont pas identiques et que l’identité de l’humain ne se résume plus à son génome. L’ADN ne dit pas tout. Le cytoplasme exerce un contrôle dans le développement et surtout le fonctionnement des gènes et l'acquis transforme le capital hérité de sorte que toute idée de conformité est maintenant absurde.

La notion de "crime contre la dignité humaine" n’est de ce fait plus un concept scientifiquement défendable.

Faut-il toujours interdire le clonage reproductif ? La science pose aujourd’hui le même postulat qu’elle avait utilisé sans même l’avoir démontré contre la reproduction in-vitro : « la technique est dangereuse ».

S’agit-il d’une croyance, d’une intoxication religieuse déguisée ou d’une réelle connaissance ? Sachant que les résultats très inégaux de l’expérimentation animale ne sont même pas transposables d'une espèce à l'autre, encore moins à l'espèce humaine ; sachant que ceux qui prétendent évaluer ces risques n'ont procédé à aucune expérimentation sérieuse autre que spéculative ; sachant enfin que le monde scientifique vient de démontrer brillamment son arrogance et ses réelles limites, il paraît de plus en plus difficile de croire qu’aucun débat sérieux ne refera surface pour démontrer qu’une fois de plus, le monde scientifique pourrait nous avoir trompé en toute bonne foi. A qui la faute ?

Et s’il se laissait démontrer que les scientifiques qui se prononcent sur ce dont ils n'ont acquis aucune expérience sont toujours dans l'erreur, il serait facile de prétendre que le clonage humain n'est pas forcément plus dangereux que ne l’était la fécondation in-vitro quoiqu’en pensent ceux qui s’expriment le plus fort... Mais rien n'est simple..., car s’il s’avérait exact que la technique du clonage reproductif était maîtrisable, alors il faudrait la dépénaliser et décerner un prix Nobel pour saluer l'avancée la plus révolutionnaire de toute l'Histoire de l'humanité.

En attendant, je crois que l'humanité se cherche des excuses. Immature et tétanisée, elle pourrait refuser de grandir, de prendre en main sa propre évolution, évolution scientifique qui ne faisait que commencer... Consciente et responsable, on pourrait rêver qu'une évolution soit déjà en marche et conduise un jour cette humanité vers plus de paix, de sérénité, de respect et d'amour pour nos différences, loin des bruits de bottes et à l’abri de tous les projets totalitaires.

Et puisque la connaissance est le besoin spécifique de l'intellect quand il est sain, à moins de devenir tous malades, dogmatiques ou fous, le progrès restera notre seul destin tant que notre espèce n'aura pas disparu. Si notre niveau de conscience ne s'élève pas assez vite, c'est notre capacité d'adaptation au progrès qui nous menacera encore plus certainement.

Pap'otages 00:15, 24 Aug 2003 (UTC)

Voir aussi Reflexions sur la bioethique et Simple View of Ethics and Morals